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Aide à l'Ukraine : comment l'UE veut utiliser la manne des avoirs russes gelés
information fournie par Boursorama avec Media Services 23/10/2025 à 15:05

Les Européens veulent utiliser les avoirs russes immobilisés dans l'UE, pour financer leur soutien à l'Ukraine, au cours deux prochaines années. Cette initiative, totalement inédite, soulève cependant de nombreuses questions.

Ursula Von der Leyen et Volodymyr Zelensky, le 2 octobre 2025, à Copenhague ( Ritzau Scanpix / MADS CLAUS RASMUSSEN )

Ursula Von der Leyen et Volodymyr Zelensky, le 2 octobre 2025, à Copenhague ( Ritzau Scanpix / MADS CLAUS RASMUSSEN )

De quoi parle-t-on ?

Les avoirs de la Banque centrale russe dans l'Union européenne ont été immobilisés suite aux sanctions décidées par les Occidentaux après l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février 2022. La plupart de ces fonds se trouvent en Belgique, gérés par la société Euroclear. Ils représentent quelque 210 milliards d'euros.

Bloqués depuis 2022, ils n'en ont pas moins produit des intérêts entre 1,5 et 2 milliards d'euros par an, que les Européens ont décidé d'utiliser pour financer un prêt de 45 milliards d'euros à l'Ukraine. Plusieurs versements ont déjà été effectués.

Une des questions posées est de savoir comment continuer à financer cet emprunt, si les avoirs sont utilisés pour un autre prêt. Par précaution, l'UE a décidé de ne pas utiliser toutes les sommes disponibles, dans le cas où un remboursement de ce prêt, décidé par le G7 devait intervenir.

Une grande partie de ces avoirs, soit quelque 185 milliards d'euros sont ou vont arriver à maturité cette année. Ils sont donc disponibles sous forme liquide. L'Union européenne veut utiliser une partie de ces liquidités pour financer un nouveau prêt de 140 milliards d'euros à l'Ukraine. L'idée est d'emprunter cette somme auprès d'Euroclear et de la prêter à l'Ukraine. Celle-ci ne remboursera que si la Russie lui paie des réparations de guerre. Si Moscou s'y refuse, les sanctions ne seront pas levées, les actifs resteront immobilisés et l'Ukraine n'aura pas besoin de rembourser.

La Commission européenne assure qu'un tel mécanisme n'est nullement une "confiscation". La saisie pure et simple de ces avoirs serait une ligne rouge pour de nombreux pays de l'UE et pour la Banque centrale européenne, qui redoutent une tempête sur les marchés, une fuite des capitaux étrangers et une déstabilisation de l'euro.

La Belgique en première ligne

Cette opération totalement inédite n'est pas sans risque, comme l'a une nouvelle fois souligné jeudi le Premier ministre belge Bart De Wever.

Lors d'un précédent sommet européen à Copenhague début octobre, il avait appelé à la prudence avant de "tuer la poule aux œufs d'or". Jeudi, il a menacé de bloquer tout le processus, s'il n'obtenait pas les garanties suffisantes. La Belgique redoute tout particulièrement de se retrouver seule à payer les pots cassés en cas de problème. "Nous voulons une mutualisation des risques, car les risques sont très, très élevés. Nous pourrions être confrontés à des demandes de dizaines de millions d'euros, voire de centaines de millions d'euros", a-t-il souligné.

Le dirigeant d'Euroclear est sous protection policière "rapprochée", avait indiqué M. De Wever début octobre, citant aussi les menaces qu'il dit avoir reçues de la Russie: "Si vous touchez à mon argent, vous en ressentirez les conséquences jusqu'à l'éternité". Enfin, a-t-il martelé, pas question d'être les seuls à agir.

"Nous ne sommes pas le seul pays avec des avoirs russes immobilisés", a assuré M. De Wever. Il a estimé à quelque 162 milliards d'euros le montant de ces avoirs placés en dehors de la Belgique.

Quelle est la prochaine étape?

Les Etats membres s'efforcent depuis plusieurs semaines d'apaiser les craintes de la Belgique. Le projet de conclusions de leur sommet insiste sur une nécessaire "solidarité".

Si elles sont validées, la Commission européenne devra alors présenter d'ici le mois prochain une proposition formelle et légale, suffisamment forte pour convaincre la Belgique. Elle devra ensuite ëtre adoptée par les 27 avant d'être mise en œuvre, au mieux l'an prochain.

La question de l'utilisation de cet argent se pose également. La France insiste pour qu'il serve essentiellement à l'achat d'armes européennes, mais d'autres pays, comme la République tchèque ou la Pologne veulent davantage de flexibilité. Il faudra aussi contourner l'opposition de la Hongrie, dont le feu vert est indispensable, tous les six mois, pour renouveler les sanctions, et donc l'immobilisation des avoirs russes. Face à cette menace, l'UE réfléchit à un nouveau régime juridique de sanctions, qui se passerait de l'assentiment hongrois tous les six mois.

3 commentaires

  • 23 octobre 18:47

    Ils s'imaginent que la Russie va rester les bras croisés!


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